Dans la tradition juive, on dit qu'un être humain meurt deux fois. La première lorsque son cœur cesse de battre et que son cerveau s'éteint, la seconde quand son nom est prononcé, lu ou pensé pour la dernière fois. Pour lutter contre l'oubli, des «pavés de mémoire», portant chacun le nom gravé d'une victime des nazis, ont été scellés partout en Europe, en face de leur dernier domicile. L'un d'eux, à Trondheim, en Norvège, porte le nom de Hirsch Komissar, assassiné le 7 octobre 1942. Il était l'arrière-grand-père de l'épouse de Simon Stranger. En cherchant à lui rendre hommage, l'écrivain découvre une histoire incroyable. La maison où s'installa le propre fils de Hirsch, Gerson, avec sa famille, à partir de 1948, est l'endroit même où Henry Oliver Rinnan, un agent double, avait installé son quartier général et une salle de torture pour les Juifs et les résistants. Une villa d'une banalité à pleurer, surnommée Bandeklosteret, le « cloître de la bande ». Pourquoi ? Ironie du sort ? Ignorance ? Ou désir de recouvrir le passé et de retourner le cours de l'histoire ? Ce livre, construit comme un lexique implacable, un puzzle de mots, de supputations et d'archives, est une tentative pour repousser la seconde mort et redonner vie à ce qui a disparu.